https://www.lecho.be/opinions/analyse/le-match-dollar-yuan-se-durcit/10497781.html
«
La dédollarisation qui s’amorce ne se traduit pas forcément par une yuanisation massive. Le monde post-globalisé pourrait déboucher sur des blocs monétaires, comme durant les années 1930.
La question de la dédollarisation de l’économie mondiale (c’est-à-dire la réduction de l’utilisation du dollar américain entre acteurs économiques non américains) anime les débats entre économistes depuis longtemps.
Norbert Gaillard est économiste et consultant indépendant. ©doc
Lors de l’éclatement du système de Bretton Woods, certains anticipaient un déclin inévitable du billet vert. Il n’en a rien été. Certes, le dollar s’est déprécié durant les années 1970, mais il a continué à servir de monnaie refuge. Au gré des fluctuations des taux de change, de la montée en puissance du Japon, puis de la création de l’euro en 1999 et de l’émergence de la Chine, les commentaires sont allés bon train sur l’avenir de la devise américaine. Où en sommes-nous exactement?
Aujourd’hui, la dollarisation de l’économie mondiale est encore très marquée. Trois pourcentages suffisent pour s’en convaincre. Quasiment 60% des réserves de change mondiales sont libellées en devise américaine. Près de 50% du stock total des obligations internationales publiques et privées est en dollar. Environ 40% des exportations mondiales sont facturées en dollars, un pourcentage quatre fois supérieur au poids du commerce américain.
Mais, la domination du billet vert repose aussi sur d’autres forces: la notation Aaa attribuée aux T-Bonds et T-Bills, une expertise exceptionnelle en matière d’ingénierie financière et une puissance militaire capable de défendre les intérêts américains sur les cinq continents. »